QMM Rio Tinto Madagascar – Les dirigeants de l’état et la société minière devraient fournir de l’eau potable en urgence aux communautés face au risque élevé de pollution actuel – Newsletter n°172

*Centre de Recherche et d’Appui pour les Alternatives de Développement Océan Indien – CRAAD-OI
*Femme en Action Rurale de Madagascar- FARM
*Solidarité des Intervenants sur le Foncier SIF
*Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
*Plateforme des Organisations de la Société Civile sur les Industries Extractives – OSCIE
*Publiez Ce Que Vous Payez – Madagascar – PCQVP MG

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Les Ministres de la Santé et de l’Eau ont déclaré aux journalistes le 28 février que lors de leur passage à Fort-Dauphin le dimanche précédent, ils ont rendu visite au site de Mandena dans la région d’Anosy, et ont été informés par des membres de la société civile de « suspicion de pollution des eaux issues de l’exploitation de QMM ». Ils se sont entretenus avec les responsables de cette société minière et ont visité le point de rejet de l’exploitation à Mandena.
Les informations reçues par les organisations de la société civile mentionnent la survenue d’un incident, le 10 février selon les uns, le 17 février selon les autres : s’agissait-il d’un écroulement de la berme, sorte de barrage qui empêche la fuite des eaux usées du bassin minier ou d’une fuite dans le pipeline qui transporte les déchets de l’exploitation d’ilménite de la société QMM Rio Tinto ? Les données divergent et seront sûrement clarifiées plus tard. Les investigations permettront de vérifier si des produits de rejet du traitement des sables minéralisés se sont déversés dans l’eau des rivières que consomment les communautés riveraines du site d’exploitation ou non.
Les organisations de la société civile signataires de ce communiqué déplorent fortement et condamnent l’absence d’actions entreprises par la société pendant toute la semaine, après un échange des représentants de la société minière avec les communautés le lundi 19 février. En effet la vue du changement de couleur de l’eau et le fait de savoir que les déchets du traitement des sables minéralisés se sont peut-être déversés dans l’eau des rivières environnantes et ont affecté plusieurs communes rurales ainsi que la commune urbaine de Tolagnaro Fort-Dauphin, auraient dû inquiéter les représentants et les responsables de la société et les amener à prendre diverses mesures de protection de la santé de la population.
Le passage de Messieurs les Ministres le week-end suivant a heureusement fait bouger les choses. Mais les études approfondies annoncées risquant de prendre du temps, plusieurs mois, les organisations de la société civile demandent aux autorités de prendre des mesures urgentes pour fournir de l’eau potable aux habitants et pour éviter la consommation de l’eau encore plus polluée que d’habitude par les familles riveraines du site de Mandena.
60 % des villageois disent que la qualité de l’eau s’est dégradée et 57 % attribuent cette dégradation de leurs ressources naturelles en eau aux opérations de QMM (PCQVP, 2020). L’étude de PCQVP MG en 2020 a démontré qu’en l’absence d’infrastructures hydrauliques, la majorité des villageois vivant dans les communes adjacentes à la mine tirent leur eau potable et domestique directement des rivières et des lacs à côté de la mine. Ces cours d’eau sont en aval de la mine et peuvent recevoir les eaux de rejet de la mine QMM. Le lac local à côté de la mine a également été exposé à une brèche sur le périmètre de la mine, où les résidus miniers de QMM ont empiété sur le lac local et augmenté le risque de contamination par les eaux usées du bassin minier.
Après la mise en évidence de la brèche, de multiples études menées par des experts internationaux ont confirmé des niveaux élevés d’uranium et de plomb dans les eaux autour de QMM, 50 et 40 fois respectivement supérieurs aux directives de l’OMS sur l’eau potable. Par ailleurs, l’année dernière, QMM a publié ses données de suivi des rejets d’eau et a reconnu que ses eaux de mine contiennent des dépassements de cadmium et d’aluminium, au-dessus de la limite de rejet légale accordée par la réglementation malgache.
Les demandes des communautés et organisations de la société civile locales ont été soutenues par des ONGs nationales et internationales qui ont fait pression sur l’entreprise pendant trois ans pour fournir d’urgence des services alternatifs pour l’accès à l’eau potable aux communautés affectées par la mine.
Ces derniers événements démontrent le risque continu que constituent pour les communautés locales les eaux usées de décharge de la mine, qui contiennent des contaminants de métaux lourds tels que l’uranium et le plomb et présentent une menace pour la santé humaine et la biodiversité aquatique.
Les organisations de la société civile exhortent les dirigeants de l’Etat malagasy, Monsieur Le Gouverneur de la Région Anosy, les Maires des différentes localités concernées et la société minière QMM Rio Tinto à faire preuve de respect et de sens des responsabilités vis-à -vis des citoyens des localités riveraines du site minier de Mandena et à entreprendre en urgence des actions concrètes d’approvisionnement en eau potable pour préserver la santé de la population. En outre, il est du devoir des autorités étatiques de veiller à ce que les victimes de la contamination de l’eau par les opérations de QMM Rio Tinto bénéficient des réparations qui s’imposent pour les dommages et préjudices subis depuis plusieurs années.
Il est également primordial que l’Etat enjoigne des mesures conservatoires pour s’assurer que tout risque d’aggravation de la contamination découlant des opérations de QMM soit écarté en attendant les vérifications et expertises qui s’imposent.

03 mars 2022

*Centre de Recherche et d’Appui pour les Alternatives de Développement Océan Indien – CRAAD-OI
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