Pour que le respect des droits humains figure parmi les premiers critères dans le choix des nouveaux dirigeants de Madagascar – Newsletter n°268

Après la nomination d’un nouveau Premier ministre par Andry Rajoelina, certaines personnes ont dit que le Général concerné était un inconnu. D’autres ont révélé qu’il avait occupé différents postes importants dans l’administration et les gouvernements précédents. Mais ceux qui le connaissent le mieux sont les membres de plus de 300 foyers qui vivaient sur une zone de 500 hectares à Ampalaha-Soavinandriana-Itasy et qui ont été expulsés de leur terre par la famille de ce dernier Premier ministre du régime précédent. (1)

Cette publication renforce un appel à la vigilance lancé, dès la semaine dernière, par des personnes bien informées, car si le peuple malgache veut changer le système et le mode de gouvernance, on ne doit pas confier une haute responsabilité dans la gestion du pays à une personne dont on sait qu’elle cause des souffrances à tout un village, dont les habitants sont devenus incapables de gagner leur vie correctement et ne peuvent plus scolariser leurs enfants, si les objectifs sont la justice et l’équité pour tous, la paix sociale et le développement du pays, et non l’appauvrissement.

De nombreux problèmes majeurs ont existé sous le régime Rajoelina concernant l’accaparement des terres de la population par des entités ou individus puissants. Il faut y mettre un terme !

Suivez attentivement ce cas qui se déroule non loin d’Antananarivo, à Ampalaha, Soavinandriana, dans la région Itasy.

L’ancien ministre Ruphin dit avoir acheté le terrain d’un colon à Ampalaha et est entré en conflit avec les nombreux habitants qui vivaient et cultivaient depuis des décennies sur les lieux. Il est parti travailler à l’étranger pendant plusieurs années, alors les paysans ont continué à mettre en valeur la terre et à cultiver. À son retour au pays, il a ordonné aux habitants de partir. L’affaire a été portée devant les tribunaux et certains paysans ont été emprisonnés de manière préventive car ils ont lutté pour leurs droits et la partie adverse était puissante (2).

Cet épisode du conflit s’est terminé en janvier 2019 par l’octroi par le ministère de la Justice d’un     « pourvoi dans l’intérêt de la loi » (PIL) en faveur de la population (2). Cependant, dès l’arrivée au pouvoir de Rajoelina, les autorités ont révoqué le PIL, M. Zafisambo Ruphin a adressé un « Cri du cœur » aux organisations qui soutenaient les paysans. Un chercheur français qui suivait l’affaire a rencontré le général Zafisambo et a été menacé d’un procès s’il continuait à écrire sur le sujet (3).

Actuellement, une entreprise exploite une partie des terres, tandis que la famille en loue une partie à des villageois qui lui versent une partie de la production. Une vaste étendue de terre serait laissée à l’abandon.

Par ailleurs, une route traverse les champs de culture. Cette voie de communication reliant des villages entre eux est utilisée par tous depuis les temps anciens, mais son accès est désormais interdit au public. Les villageois souffrent et sont terrifiés, car des soldats envoyés par le général surveillent la route et sanctionnent par des travaux forcés ceux qu’ils surprennent en train d’emprunter la route.

Face à la souffrance et à la misère des habitants, ces derniers ont de nouveau demandé un PIL en mars 2025 et ont constaté qu’au tribunal, seule la couverture du dossier avait été conservée, tous les documents du contenu ont disparu.

Dans le cadre de la lutte importante à visée salutaire que mène le peuple malgache actuellement, le Collectif TANY continue de tirer la sonnette d’alarme concernant les vols, l’accaparement et l’appropriation illégaux et injustes des terres de la population passés, présents et en cours.


Nous unissons donc notre voix à celle des habitants d’Ampalaha

-et demandons que désormais les postes de responsabilité dans ce pays soient confiés à des personnes respectueuses des droits humains.

– Nous espérons que tous les documents de la procédure judiciaire seront de nouveau disponibles 

– et demandons le rétablissement des droits des habitants d’Ampalaha, Soavinandriana – Itasy.

15 octobre 2025

Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
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Références :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/16/a-madagascar-comme-partout-sur-le-continent-les-elites-africaines-accaparent-les-terres-fertiles_6026104_3212.html