publié par Admin 2, le vendredi 5 octobre 2018
Le 24 août 2018, la présidente du Collectif TANY a été l’invitée du Journal Afrique TV5Monde, la chaîne internationale francophone, pour réagir aux grandes manifestations populaires, « Diabé » ou grandes marches, du 17 août entre Ankilimanikike et Tsianisiha, puis du 23 août à travers la ville de Tuléar dans le Sud-Ouest de Madagascar, contre le nouveau projet d’exploitation d’ilménite de la société Toliara Sands. Le Collectif TANY réitère son soutien aux communautés locales impactées qui s’opposent à ce projet et tient à diffuser le contenu de l’émission auprès de tous les citoyens qui n’ont pas eu l’occasion de la visionner et pour s’assurer que les différents messages transmis au cours de l’interview parviennent effectivement à la connaissance des dirigeants et décideurs malgaches (1).
Les brefs échanges ont porté sur le projet minier des investisseurs australiens pour l’exploitation de l’ilménite par la société Toliara Sands, sur le Code Minier et sur les projets économiques élaborés au détriment de la population.
LE PROJET MINIER TOLIARA SANDS FAIT L’OBJET DE CONTESTATION POUR DE NOMBREUSES RAISONS
Dans le reportage de TV5Monde sur ces manifestations, la journaliste rappelle dans son commentaire que les autorités malgaches voient dans ce projet une chance pour le développement local et font miroiter des retombées économiques et sociales telles que la promesse de création de 300 emplois directs (2), alors que les détracteurs de ce projet qui ont mobilisé des milliers de personnes au cours des manifestations, disent qu’il menace l’environnement et que certains habitants des villages alentours vont être expropriés des terres qui les font vivre ou sur lesquelles leurs ancêtres sont enterrés.
Des extraits de vidéo ont notamment montré différentes séquences de la grande marche (Diabe) qui a eu lieu à Tuléar le 23 août et les prises de paroles de trois personnes :
Invitée à réagir au reportage au début de son interview sur le plateau de TV5Monde, Mamy Rakotondrainibe, une des responsables du Collectif TANY, souligne que le point positif dans ces manifestations est la mobilisation unifiée de plusieurs catégories de la population et plusieurs ethnies affectées (3), qui bénéficient du soutien de quasiment toute l’île. Et de rappeler que 13 organisations venant d’autres régions ont signé une pétition contre ce projet les 23 et 30 juillet dernier.
Le Collectif TANY fait partie des organisations de la société civile qui ont protesté dans des communiqués contre les décisions du Conseil des ministres malgache de déclarer d’utilité publique le périmètre minier, la route et le port nécessaires aux travaux de Toliara Sands. Cette déclaration « d’utilité publique » est inacceptable, car les populations locales vont être expropriées, quelquefois « par voie amiable », alors qu’il s’agit d’un projet d’une société privée et que les terres, la route et le port concernés ne seront pas accessibles au public, mais destinées uniquement à la société minière. (4)
L’autre point fortement contesté de ce projet Toliara Sands est son permis d’exploitation obtenu pendant la période de la Transition, Cela n’aurait pas dû être fait, car les normes mises en place à l’époque (« la feuille de route de sortie de crise ») interdisait au régime de Transition de prendre des décisions qui engagent à long terme. Ce permis fait partie d’un grand nombre de décisions sur des permis miniers dont le Collectif TANY et d’autres organisations à Madagascar réclament l’annulation. (5)
LES PRINCIPALES PROPOSITIONS DU COLLECTIF TANY CONCERNANT LES RESSOURCES MINIERES
Rappelant que Le Collectif TANY lutte contre l’accaparement des terres et dénonce les projets économiques élaborés au détriment des populations locales, la journaliste a demandé quelle était la façon vertueuse de réaliser des projets économiques à Madagascar.
Réponse : « Madagascar est un pays très riche en biodiversité et en ressources naturelles. Et le principal problème qu’il faudra résoudre est premièrement, la considération des retombées sur Madagascar, sur sa population et surtout sur les communautés locales. Deuxièmement, le respect de l’environnement – je parlerai un peu plus tard de nos revendications sur le Code Minier qui est très défavorable à la population – et un respect minimum également des lois existantes […] C’est cette absence de considération, cette absence d’intérêt pour l’environnement et pour la protection de l’environnement, que nous tenons absolument à critiquer et donc à rattraper dans l’avenir » (6).
Question : « Vous aviez parlé à l’instant-même du Code Minier qui est défavorable aux populations malgaches, qu’est-ce que vous lui reprochez à ce Code Minier précisément ?
- Beaucoup de choses ! Actuellement, sa révision qui a fait l’objet d’un processus depuis plusieurs années, a été suspendue de manière unilatérale par le gouvernement, donc nous protestons énergiquement et demandons la reprise de cette révision du Code minier ainsi que l’absence de délivrance de permis minier avant la révision de ce Code minier.
Les principaux points que je citerai concernent
Question : Alors, en quelques mots, on est à quelques semaines des élections à Madagascar, est-ce que vous pensez qu’à travers ce projet minier, et d’autres projets miniers, puisque ce n’est pas la première fois, est-ce que vous pensez qu’il peut y avoir une exploitation politique ?
Réponse : C’est difficile de répondre à la question parce que pour nous, toute décision est politique, aussi bien décision sur le Code Minier que décision d’attribuer un permis minier – et la manière de le faire. Et donc dans le cadre des élections, notre positionnement est que nous avons contesté déjà tous les permis miniers et cette exploitation minière depuis des années avec les communautés locales, ce n’est pas quelque chose de ponctuel (8). Deuxièmement, au niveau politique, par rapport aux élections à venir, notre grand espoir est qu’un candidat, ou quelques-uns au moins, proposent une véritable politique nouvelle avec un plan d’actions très concret qui va protéger les richesses minières pour qu’elles puissent participer à l’enrichissement des populations qui sont actuellement très pauvres. »
CONCLUSION
Les médias télévisés à Madagascar ont relayé à plusieurs reprises les manifestations et contestations des communautés locales et de la population de Tuléar affectées par le projet Toliara Sands. Dans la presse malgache même, les responsables admettent la réalité des problèmes (9) mais force est de constater qu’aucune décision répondant aux revendications des communautés locales et de la société civile n’a été annoncée jusqu’à présent.
Dans le contexte des élections, la population malgache s’inquiète des risques d’attribution de permis miniers et d’autres ressources naturelles à de riches investisseurs privés ou publics en échange de financement électoral. Les instances nationales de lutte contre la corruption collaborent avec les organisations internationales concernant les « biens mal acquis » par des Malgaches et les différents trafics illicites vers l’étranger. Ce travail commence à donner des résultats prometteurs désormais publiés (10). Au cours de cette période électorale très sensible, le Collectif TANY et des organisations de la société civile à Madagascar continuent d’exercer la plus grande vigilance contre la prédation des biens communs et richesses nationales au profit d’autres intérêts que ceux des communautés locales et de la population malgache.
Paris, le 4 octobre 2018
Le Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
patrimoine.malgache@yahoo.fr ; http://terresmalgaches.info ; www.facebook.com/TANYterresm...
Références :
(1) https://www.youtube.com/watch ?v=xWq... ; https://www.madagascar-tribune.com/...
(2) https://www.lexpressmada.com/07/08/...
(3) https://www.madagascar-tribune.com/... ; http://www.madagate.com/madagascar-... ;
https://www.clicanoo.re/Societe/Art...
(4) http://terresmalgaches.info/spip.ph... ; et http://terresmalgaches.info/spip.ph...
(5) Extrait de la feuille de route : « Le Gouvernement de Transition sera chargé de l’administration des affaires courantes du pays et de mettre en place les conditions nécessaires pour des élections crédibles, justes et transparentes, en coopération avec la communauté internationale. Il s’abstiendra de prendre des nouveaux engagements à long-terme, ceux-ci ne relevant que de la compétence du futur Gouvernement à l’issue des élections. »
https://peacemaker.un.org/sites/pea... ; Loi 2011-014 : http://www.justice.mg/wp-content/up... ; Liste des permis contestés : https://www.cetim.ch/violations-of-... point 8.
(6) http://terresmalgaches.info/spip.ph... ;
(7) http://terresmalgaches.info/spip.ph... ; http://terresmalgaches.info/spip.ph... ; http://terresmalgaches.info/spip.ph... ; http://terresmalgaches.info/spip.ph... ;
(8) http://terresmalgaches.info/spip.ph... ;
(9) https://www.lexpressmada.com/28/08/... ;
(10) https://www.lexpressmada.com/24/08/... ; https://transparency.mg/assets/uplo... ; http://matv.mg/trafic-de-bois-de-ro... ; https://mdg.forest-atlas.org/wrimad... ; http://www.newsmada.com/2018/08/25/... ; https://www.lexpressmada.com/20/09/... ;
https://lachasseinfo.wordpress.com/... ; http://tiatanindrazana.com/pages/mo... ; https://www.africaintelligence.fr/l....